Débattre un mo(nu)ment

Intro : Un désir d’univocité ? Pourquoi nous parlons de monuments historiques en 2021

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Markus Zürcher, ASSH, version actualisée du 10 mai 2021

Dans les États autocratiques, ils sont au service du culte de la personne et de l’héroïsme, dans les jeunes États, ils symbolisent leur genèse. Dans la plupart des sociétés toutefois, les monuments historiques paraissaient jusqu’à récemment être des objets du passé dont la vocation se restreignait souvent au tourisme ou à des stratégies de marketing local. Pourquoi alors parlons-nous soudainement de nouveau de monuments en pierre, fonte ou bronze ? Pourquoi les images de statues renversées, maculées de graffiti ou voilées font-elles le tour du monde ?

Pourquoi les images de statues renversées, maculées de graffiti ou voilées font-elles le tour du monde ?

Les monuments veulent communiquer des messages concrets

Les monuments historiques sont à l’antipode de la définition de l’art qui domine depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et postule que l’interprétation réside dans l’œil de la personne qui contemple l’œuvre. Dans cette conception, la valeur d’un objet ne se juge pas à l’aune de sa facture et de son message, mais de l’authenticité de l’artiste, de la créatrice. Conjointement au brutalisme en architecture, cette perception favorise l’abstraction et la vacuité sémantique des œuvres d’art. Les sculptures dans les halls de banques, compagnies d’assurance et dans l’espace public se distinguent par une réduction des couleurs, des formes et du caractère figuratif. Elles s’émancipent ainsi tellement du sens qu’elles donnent lieu à des surfaces lisses, de préférence blanches, et à un purisme abstrait1 À l’inverse, les monuments historiques veulent transmettre des messages variés mais concrets à l’aide d’allégories, de symboles, de personnes ou de sites : défaites, succès, avancées, événements, hommages, mais aussi valeurs, opinions, mentalités et sentiments.

Pourquoi maintenant, pourquoi ici ? Le boom des monuments entre 1870 et 1914 en Suisse

On pourrait subsumer les monuments sous l’étiquette « culture mémorielle ». Toutefois, l’idée d’une fonction mémorielle visant à empêcher l’oubli est trop réductrice. Dans une culture de l’écrit comme la nôtre, nous n’avons pas besoin de monuments de Tell, Jean-Jacques Rousseau, Johann Heinrich Pestalozzi ou même de Dorothée de Flue pour nous souvenir d’eux. De nombreux mémoriaux ont été, de plus, érigés des décennies, voire des siècles après les événements ou la mort des personnes qu’ils rappellent. Ils établissent une présence et une représentation dans le quotidien, dans « l’ici et maintenant » de leur édification. Raison pour laquelle les monuments ne tirent pas leur signification uniquement du passé auquel ils se rapportent, mais aussi du présent dans lequel ils ont vu le jour.

Les monuments ne tirent pas leur signification uniquement du passé auquel ils se rapportent, mais aussi du présent dans lequel ils ont vu le jour.

Entre 1870 et 1914, les monuments connaissent un véritable boom. Ils offrent probablement une alternative aux édifices pompeux de l’Ancien Régime aristocrate et patricien et sont censés représenter le nouvel État-nation bourgeois comme les avancées de sa société. Dans l’entre-deux-guerres (1918-1939), en revanche, les monuments sont placés sous le signe de la menace extérieure et de la défense spirituelle. Sur le plan thématique, ils se réduisent à la Résistance et à l’ancienne Confédération. Après la Seconde Guerre mondiale, la vogue des monuments décline. 

Les mouvements sociaux communiquent avec et par les monuments historiques

Comme pour toutes les formes de savoirs, qu’ils soient matériels ou transmis sous d’autres formes, le passé s’invite dans le présent. Sculptés dans la pierre ou moulés dans le bronze, les monuments véhiculent le passé de façon apparemment statique. Ils peuvent posséder une présence matérielle tout en étant tombés dans l’insignifiance il y a des décennies ou plus longtemps encore, avant que leur sens, leur contenu et leur message ne (re)prennent subitement une connotation positive ou négative.

Lorsque la politique sort des institutions pour être portée dans la rue, on observe que l’on communique régulièrement par le truchement des monuments : avant et après des manifestations, par exemple, ils servent de porte-banderoles ou de point de mire des slogans ou messages. Les mouvements sociaux – récemment les mouvements féministes, les mouvements de jeunes ou encore celui du Black Lives Matter – chargent de sens les personnages et allégories statiques et les dynamisent : le mouvement féministe a repeint de violet des monuments de personnalités et les a vêtus de soutien-gorge et mini-jupes. Les jeunes ont passé une couche multicolore sur des monuments falots pour lutter contre le « gris » et la « banquise ». Le mouvement Black Lives Matter aux États-Unis a renversé de leur piédestal les monuments à la gloire des généraux de la guerre de Sécession. Comme on le sait, le mouvement s’est étendu à l’Europe.

Ce n’est pas un hasard si la communication des mouvements sociaux avec et à travers les monuments devient de nouveau plus visible aujourd’hui : depuis le succès des mouvements des droits civiques dans les années 1960, les Afro-Américain-e-s avaient vu leurs conditions de vie s’améliorer au moins partiellement, tout en vivant toujours souvent dans des sociétés ségréguées. Or, un grand nombre de données statistiques montrent que depuis l’arrivée à la présidence de Donald Trump, elles ont pour la première fois recommencé à se dégrader un peu plus chaque année. Les développements et rapports sociaux actuels dotent les monuments de sens et les dynamisent sur le plan politique.

Les développements et rapports sociaux actuels dotent les monuments de sens et les dynamisent sur le plan politique.

Il ne s’agit pas du passé, mais du présent et de l’avenir !

Et c’est bien à cause de leur signification politique et leur pouvoir communicative que nous devrions nous intéresser aux monuments. Non pas au monument en tant que tel, mais à la conception que nous avons de nous-mêmes aujourd’hui et maintenant. Bien entendu, on peut envisager un monument diversement en fonction de la situation : le percevoir avec indifférence comme un élément du site ou du paysage urbain ; comme un objet d’art et de culture plus ou moins réussi ; comme un passé réactualisé afin de commémorer des événements, des personnes, des conquêtes ou avancées nécessitant une contextualisation et une réflexion critique ; ou comme une provocation.

Les opinions sur les monuments couvrent un large spectre : les uns veulent les supprimer, parce qu’ils véhiculent des visions de l’histoire éculées et obsolètes et rendent hommage à des injustices, des exploiteurs, des oppresseurs, des criminels de guerre. D’autres réclament d’approfondir la réflexion, et pour d’autres encore les débats actuels se résument à une hypermoralisation oublieuse de l’histoire, une « Cancel Culture » charriée par le politiquement correct, qui veut faire taire tout ce qui n’est pas dans l’esprit du temps. Quoi qu’il en soit, le débat paraît également avoir trait à un désir d’univocité et de simplification, qui s’allie à une tolérance réduite à l’égard de l’ambivalence. Il nous reste à voir dans quelle mesure ce désir façonnera les débats futurs dans la société.

1Bauer, Thomas (2018): Die Vereindeutigung der Welt. Über den Verlust an Mehrdeutigkeit und Vielfalt, Stuttgart, S. 41 – S. 49.

Textes d'expert·e·s

Des textes d'historiens, de scientifiques des médias, de chercheuses en sciences culturelles et d'autres spécialistes issus des sciences humaines et sociales seront affichés ici.

Les femmes et les monuments

Nous connaissons les grands hommes historiques et légendaires qu’il nous faut connaître : Winkelried et son sacrifice, Flue et son intelligence, Tell et son courage, Escher et son succès. Ils possèdent tous une date historique, un paragraphe dans l’histoire qu’ils ont marquée, aux dires de la tradition et des sources dont nous disposons. Ils symbolisent des ruptures historiques, la capacité d’action humaine, le progrès : on leur attribue d’avoir fait quelque chose, prononcé quelques paroles ayant changé le cours de l’histoire. Ils interpellent les personnes (les hommes) qui les contemplent : sois comme moi ! Sois unique ! Sois libre dans tes décisions ! Sois un bon citoyen !

Dans l’espace public, nous rencontrons peu de statues de femmes qui soient des personnages historiques. La plupart nous donnent à voir des visages et des corps uniformes, très féminins, souvent à moitié nus, des allégories planant au-dessus de l’histoire. Ces représentations n’incarnent pas la césure dans l’histoire, l’acte historique mais, à l’inverse, des valeurs immuables et fédératrices, la patrie et le territoire à défendre. Elles semblent jaillies tout droit de fantasmes masculins.

De rares héroïnes

Dès le XIXe siècle, des organisations féminines réclament que les héroïnes soient mieux représentées dans l’espace public et cette revendication resurgit avec une vigueur renouvelée à l’occasion de chaque mouvement féministe. Gertrud Stauffacher finit par obtenir une place dans la salle du Conseil national aux côtés de Tell : lui comme symbole de l’action, elle de la bonne idée (qu’elle a soufflée à son mari). En 1991, lors de la première grève des femmes, l’Union des paysannes catholiques de Suisse finance une statue de Dorothée de Flue. Dorothée a donné naissance à dix enfants, avant que son mari, Nicolas de Flue, ne décide d’abandonner sa famille pour vivre en ermite. Sa statue se trouve dans le cimetière de Sarnen, entourée de trois enfants. Mais de telles héroïnes restent des points isolés dans le paysage.

Seit den 1980er-Jahren hat sich die Tradition der subversiven Umdeutung und Umgestaltung bestehender Denkmäler etabliert. Männlichen Figuren Une tradition de réinterprétation et de métamorphose subversive des monuments s’est établie depuis les années 1980. Des figures masculines se voient affublées d’un tablier ou se retrouvent avec des poupées dans les bras. Dès que les femmes s’approprient et revisitent temporairement les monuments, elles font appel à la couleur et abordent des sujets bien plus variés que la guerre et l’individualisme.

Le manque de statues féminines est un parfait reflet de l’exclusion persistante des femmes hors de la sphère politique et de la conscience historique, tout particulièrement en Suisse. Des projets tels que « 100Elles* », qui se battent pour honorer des pionnières par des noms de rues, peuvent être d’un certain secours pour élever la présence de noms féminins au rang de norme. Mais rend-on compte à sa juste valeur de l’histoire des femmes en sélectionnant une poignée d’entre elles pour les hisser sur un piédestal et les placer aux côtés d’Escher et de Tell, les représentants d’une culture mémorielle masculine ?

Action collective

La distinction d’Hannah Arendt entre l’espace public agonistique et associatif pourrait apporter un éclairage utile. Seyla Benhabib, chercheuse américaine en philosophie politique, l’a rappelé en 1994 : l’espace agonistique est un espace de compétition pour remporter l’approbation, un espace d’individualité, du citoyen dans son unicité et du pionnier, dont le nom et les dates de naissance et de décès sont gravés sur le socle. À l’inverse, l’espace associatif est un espace dans lequel se déroule l’action collective, où les personnes animées de convictions semblables s’unissent, tissent des liens, sont solidaires. L’histoire des femmes a toujours été aussi une histoire des mouvements. Chaque femme est différente, bien sûr, mais ensemble, les femmes ont obtenu beaucoup de choses.

«L’histoire des femmes a toujours été aussi une histoire des mouvements. Chaque femme est différente, bien sûr, mais ensemble, les femmes ont obtenu beaucoup de choses.»

Le rapport des femmes à l’espace public a structuré l’histoire des femmes. Une relation marquée par de nombreuses formes d’exclusion – que ce soit le refus opposé à leur participation politique, la sous-valorisation de leurs voix dans le discours public ou les menaces de violence. Aujourd’hui encore, toutes les femmes apprennent en effet dès leur plus jeune âge qu’elles doivent se méfier des rues désertes et des coins sombres. Les femmes ont obtenu de haute lutte des droits politiques, une protection sociale et le droit de disposer librement de leurs corps. Ces combats marquent à chaque fois un nouveau rapport à l’espace public : elles exigent d’avoir leur mot à dire, commencent à porter des pantalons, à fumer, occupent des places et défilent en masse dans les rues, allaitent en public et montrent leur corps à leur guise.

Qui décide de la façon de se souvenir de l’histoire ?

L’action collective par-delà les frontières politiques et sociales a toujours été une dimension importante des mouvements féminins. Mais comment donner une visibilité aux femmes entendues comme sujets historiques collectifs ? Comment commémorer par exemple la grève des femmes de 2019 en Suisse ? les paysannes dans les chaises longues ? l’expression de libération sur le visage des innombrables femmes qui se sont approprié l’espace public ? l’exploit politique de passer outre les clivages et de mettre en exergue, le temps d’une journée, ce qu’elles partagent ?

La question n’est pas uniquement celle de la représentation des femmes dans un paysage de monuments forgé par la culture mémorielle masculine. Bien au contraire, nous devrions aussi nous demander qui décide de la manière dont on se souvient de l’histoire. Faut-il pour cela de l’argent, de l’influence politique, un comité ? Et avant de chercher des noms importants, nous devrions nous demander ce dont nous voulons nous souvenir, comment nous voulons le faire et comment la mémoire doit laisser une empreinte sur notre espace de vie. En somme : comment les femmes veulent-elles aller à la rencontre de leur histoire dans l’espace public ?

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Un problème très ancien : le traitement des statues impopulaires dans l’Antiquité tardive

Lorenz E. Baumer, archéologue, Uni Genève, 15 mars 2021

Les statues sont partout à détruire, et les noms à supprimer sur tous les monuments publics et privés.

Scriptores Historiae Augustae, Vie de Commode, 20,3

Le débat sur la manière de traiter les statues de personnalités problématiques remplit depuis un certain temps les quotidiens et les forums électroniques. Dans le feu de l’action, on a tendance à oublier qu’il s’agit d’un problème récurrent tout au long de l’histoire et dont les débuts remontent déjà à l’Antiquité.

Condamner sans oublier

On pensera en premier lieu à la fameuse Damnatio memoriae (littéralement : « la damnation de la mémoire »). Mais le parallèle est trop rapide, car le terme qui ne remonte en effet qu’au XVIIe siècle, décrit en général la préoccupation des Romains concernant la réputation posthume. Les mesures ne se limitaient pas à l’enlèvement, la mutilation ou la destruction des statues de la personne condamnée à l’oubli collectif, mais comprenaient toute une gamme d’autres possibilités comme l’interdiction d’exposition publique de masques de cire du condamné lors de funérailles aristocratiques ou encore l’inscription de son anniversaire dans les listes officielles des jours de mauvais augure pour le peuple romain (dies nefasti). Ce dernier élément illustre qu’on veillait à ce que la condamnation en tant que telle reste bel et bien présente dans la mémoire publique.

Statues païennes mises à mal

L’avènement du christianisme posait une autre menace aux sculptures, en particulier avec l’édit de 391 de l’empereur Théodose Ier interdisant aux païens la fréquentation des temples et prescrivant leur fermeture. Ce ne fut que quelques mois plus tard que Théophile, évêque d’Alexandrie, attaqua avec une émeute de chrétiens la statue de culte colossale de Sarapis : « Après l’avoir réduit en petits morceaux, ils jetèrent ceux-ci au feu et traînèrent la tête à travers toute la ville, sous les regards de ses dévots qui se moquaient de la faiblesse de l’objet de leur dévotion » (Théodoret de Cyr, Histoire ecclésiastique, V, 22).

Une destruction à l’aide du divin

En Gaule, Saint-Martin de Tours, nommé évêque en 371, agit avec ferveur contre l’idolâtrie des païens qui adhéraient toujours aux anciens cultes, un engagement qui demandait assez régulièrement l’appel à l’aide divine : dans un certain village, « il y avait une colonne d’une masse énorme, que surmontait une idole. Martin songeait à la renverser ; mais il ne disposait d’aucun moyen matériel pour réaliser ce projet. Alors, selon sa coutume, il se tourna vers la prière. Et l’on vit, le fait est certain, une sorte de colonne, à peu près de même dimension, tomber du ciel, écraser l’idole, réduire en poussière toute cette masse de pierre inexpugnable » (Sulpice Sévère, Dialogues IX, traduction Paul Monceaux).

Mais l’image que dressent les sources littéraires est en effet biaisée par les intérêts des historiens de l’Église, alors que les découvertes de statues dans des contextes archéologiques de cette même période documentent un traitement bien plus différencié des anciennes statues.

Un certain respect pour le patrimoine sculpté

Cela se confirme par exemple à Martigny dans la découverte, en été 2011, des torses soigneusement enfouis de deux statues en marbre, l’une représentant Apollon avec sa cithare et l’autre Hercule se reposant sur sa massue. Le dépôt qui remonte au plus tôt à la fin du IVe siècle et alors à une période où le christianisme s’était déjà fermement implanté dans la ville, atteste d’un certain respect des chrétiens vis-à-vis des anciennes œuvres sculptées. On remarquera en même temps que la statue d’Apollon fut bien avant son enfouissement l’objet d’une castration, alors que l’Hercule fut épargné de cette même mesure, protégé probablement par son rôle héroïque qu’il avait aussi conservé chez les chrétiens.

Graver au lieu de casser

La destruction et/ou l’enfouissement des œuvres n’était en effet que l’ultime moyen pour se défaire des anciennes sculptures : à part la mutilation du sexe, une autre mesure courante était de bannir les démons qu’on imaginait habiter les sculptures en gravant des croix sur les pièces, de préférence dans les yeux et/ou sur la bouche ou le front. Ces interventions permirent de fait de conserver les sculptures pour leur valeur patrimoniale. Cette même tendance illustre aussi le cas du forum de Timgad (Algérie) où on a rassemblé, comme l’attestent les bases conservées, un grand nombre d’œuvres sculptées des périodes précédentes. La place s’est transformée par cette mesure petit à petit en un lieu de commémoration de la grande histoire de la ville.

De nouvelles têtes sur d’anciens corps

Une autre façon de conserver les sculptures était leur réactualisation, opérée par le remplacement de l’inscription sur la base et surtout de la tête par celle d’une personnalité d’actualité. Cela est par exemple le cas d’une statue honorifique d’une femme assise à Éphèse, créée au IIe siècle : deux siècles plus tard, l’œuvre fut réutilisée ensemble avec une bonne centaine d’autres sculptures pour décorer des bains publics près de l’agora. Le financement de la rénovation des bains fut assuré par une certaine Scholastika, femme visiblement fortunée et dont le portrait remplaça celui d’époque impériale.

Tout au contraire des sources littéraires, l’archéologie atteste de l’utilisation différenciée et visiblement réfléchie de sculptures païennes durant l’Antiquité tardive, ce que les quelques exemples cités plus haut ne peuvent représenter que de manière incomplète.

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L’Unité d’archéologie classique de l’Université de Genve propose à ce même sujet un cours gratuit en ligne (MOOC), « À l’avènement du christianisme : l’archéologie des derniers païens », accessible sur la plateforme Coursera : www.coursera.org/learn/archeology

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Une mémoire gravée dans le marbre ? Les monuments à l’ère numérique

Larissa Hugentobler, scientifique des médias à l'Université de Zurich, 2 février 2021

Un lion agonisant de dix mètres de long, sculpté à la main dans une falaise en grès. À Lucerne, ce monument commémore les Gardes suisses tombés à Paris en 1792. Un lion qui symbolise des hommes morts ? Le monument de Grauholz est encore plus abstrait : une colonne avec une inscription rappelle la bataille de Grauholz en 1798. La statue de David de Pury, un banquier dont le portrait a été moulé en bronze sur un socle et qui orne le centre-ville de Neuchâtel, est bien plus figurative.

Abstraites ou figuratives, ces représentations démodées et gravées dans le marbre servent à nous rappeler quelque chose du passé – une personne ou un événement. Les monuments, en nombre limité, ne commémorent toutefois pas tout ni tous (et encore moins toutes). C’est sur ce constat que se fondent aussi les débats de plus en plus retentissants sur leur représentativité. Ainsi un nombre croissant de gens déplore ces dernières années que la politique en matière de monument soit trop restrictive.

Un choix idéologique

Il est bien évidemment impératif d’opérer un choix, car les ressources ne sont pas illimitées : on ne dispose pas partout de la place nécessaire à un monument et les œuvres coûtent de l’argent. Au demeurant, le choix ne reflète pas une sélection neutre du passé. Chercher qui immortaliser par un monument, c’est aussi décider qui « est » important. Par conséquent, ces monuments ne sont pas le simple reflet d’un souvenir, mais aussi celui d’une idéologie. En sélectionnant des motifs du passé, nous déclarons ce que nous défendons et ce qui nous importe, aujourd’hui comme pour l’avenir. Les monuments représentent donc bien plus que des souvenirs : ils révèlent les valeurs qu’une société juge capitales.

Dans les débats actuels autour de l’enlèvement ou du déboulonnement des sites commémoratifs problématiques, on entend souvent l’argument suivant : les statues manquent de contexte. Prenons David de Pury cité plus haut. Cet homme influent a légué une fortune considérable à sa ville natale, Neuchâtel. Or son argent provenait pour part du commerce d’esclaves. Cela ne signifie pas qu’il est impossible de commémorer sa contribution à l’intérêt général suisse. Mais on ne peut le faire honnêtement qu’en mentionnant aussi ses défaillances (profondes en l’occurrence). On peut résoudre ce problème grâce à des panneaux d’information ou, mieux, en transférant les statues dans des musées. Car c’est bien là que le bât blesse : tandis que les musées peuvent contextualiser leurs objets exposés et donc faire ressortir des choses qui paraissent, tout au moins aujourd’hui, problématiques, un monument est limité en la matière. On l’a dit, le choix des personnes dignes de commémoration est une déclaration sur ce qu’une ville, une commune, un État estime essentiel. Apposer une plaque qui relativise cette déclaration n’est pas à même de changer grand-chose, parce que la présence dans l’espace public est ce qui donne son importance au monument.

Une « justice » en matière de monument dans l’espace numérique ?

Quel avenir pour ces monuments ? La numérisation croissante va-t-elle les évincer ? En ligne, il nous serait possible de commémorer et d’honorer beaucoup plus de personnes sans avoir besoin de ressources importantes. De plus, ces informations seraient plus facilement accessibles, puisqu’elles ne seraient pas liées à un lieu physique. On ne voit en effet un monument traditionnel que lorsqu’on passe devant. Pourtant, ces possibilités devraient s’envisager comme un complément et non comme un remplacement.

Les monuments traditionnels sont en effet significatifs aussi parce qu’ils sont une déclaration officielle, qui a été placée dans l’espace public et à laquelle tout le monde a accès. Ils montrent les valeurs et les idéologies que défend la Suisse. A contrario, cela implique que les personnes, groupes ou événements non représentés sont jugés insignifiants.

Comme l’expérience nous l’a montré, l’une des plus grandes qualités d’Internet est d’offrir une multitude d’informations consultables à toute heure et presque toujours gratuitement. Il renferme donc un énorme potentiel pour diversifier la culture mémorielle : nous pourrions commémorer bien plus de personnes en ligne que dans l’espace public, forcément restreint. Il serait ainsi possible de donner une visibilité à des groupes, dont les contributions à l’intérêt commun n’ont à ce jour fait l’objet d’aucun monument. Mais nous le savons aussi : dans une telle masse d’informations, on passe facilement à côté de quelque chose et il est difficile de savoir ce qui provient d’auteurs et d’autrices dignes de foi.

Sur ce point, des institutions que nous connaissons dans la « vraie » vie pourraient aider. Si, par exemple, le Musée national suisse produisait des pages dédiées aux monuments (ce qui est partiellement déjà le cas sur son blog), on se fierait probablement plus à ces informations qu’à celles concernant des monuments numériques créés par un particulier quelconque. Il est ainsi essentiel que les institutions culturelles puissent non seulement jouer sur Internet un rôle informatif, mais aussi sélectif. Si en faisant une recherche sur Google apparaissent côte à côte un monument rendant hommage à la main-d’œuvre étrangère en Suisse et un dédié à James Schwarzenbach, alors ces monuments perdraient une de leurs propriétés : outre leur fonction de mémoire, les monuments sont aussi un hommage. Lorsqu’on ne sélectionne plus, ils ne disent plus rien de ce qui est important pour un pays – comme si tout avait la même importance.

C’est pourquoi les « monuments numériques » auront probablement plutôt à l’avenir un rôle de complément des statues physiques dans l’espace public. Ils fonctionnent bien pour présenter la diversité de notre pays ainsi que pour proposer des informations en plus grande quantité et plus facilement accessibles sur les personnes commémorées. Mais ils ne sont pas en mesure de symboliser une déclaration officielle dans l’espace public. C’est précisément parce que les monuments classiques ont été soumis à une sélection rigoureuse qu’ils ont une telle importance : ce qui a un lieu a de la valeur.

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En son et image

Comment interagissons-nous avec les monuments ? Nous vous présentons ici une collection régulièrement actualisée d'images, de vidéos et de bandes sonores sur cette question.

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Bande dessinée : lettre ouverte à Carl Vogt

A l'entrée d'Uni Bastions (Université de Genève), on trouve une buste de Carl Vogt (1817 - 1895)  qui était un illustre savant de son époque, mais qui a également publié des thèses racistes et misogynes. La professeure Juliet Fall de l'Uni Genève a rédigé une lettre ouverte à Carl Vogt, en forme de bande dessinée.

Le débat sur les monuments aux États-Unis

Au cours de l'été 2020, les États-Unis ont connu une vague de critiques à l'encontre de monuments commémorant des personnalités issues des États confédérés d'Amérique. Certains ont été retirés ou même renversés.

Guillaume Tell et le fromage

Également utilisable pour la publicité de fromage : la statue de Guillaume Tell à Altdorf (UR)

Vidéo : les bustes contestés à l'Uni Genève

Qu'est-ce qu'un buste ? Pourquoi trouve-t-on des bustes d'auteurs de thèses racistes autour de l'Uni Bastions (bâtiment de l'Université de Genève) ?

Des professeur·e·s et étudiant·e·s se prononcent dans un film de la professeure Juliet Fall (version longue sur le site Web de Uni Genève).

En politique

Comment les autorités et la politique suisse participent-elles au débat sur les monuments ? Que se passe-t-il dans les différentes régions ?

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Neuchâtel : Espace Tilo-Frey, statue de David de Pury

Pétition pour le retrait de la statue de David de Pury

En juin 2020, un « Collectif pour la mémoire » a lancé une pétition en ligne en juin 2020 pour demander le retrait de la statue de David de Pury, bienfaiteur de la Ville de Neuchâtel et accusé d'implication dans la traite négrière. A sa place, une plaque devrait commémorer les victimes passées et présentes de racisme et de la suprématie blanche. La pétition a été remise à la Ville de Neuchâtel avec environ 2500 signatures. En août, une seconde pétition émanant d’un député PLR au Grand Conseil neuchâtelois a été remise à la chancellerie communale de Neuchâtel.

Un espace rebaptisé

Pendant des années, un espace central à l’Université de Neuchâtel portait le nom de Louis Agassiz, un glaciologue accusé d’avoir avancé des thèses racistes. Après un débat ouvert entre politique et habitant·e·s, la ville de Neuchâtel a décidé de rebaptiser l’espace après Tilo Frey (1923-2008), la première neuchâteloise élue au Conseil national. Étant la première personne de couleur et parmis les onze premières femmes dans le Parlement fédéral, la politicienne suisso-camerounaise s’engageait pour l’émancipation des femmes et des minorités ethniques en Suisse.

Zurich : un groupe de travail examine 80 monuments

En septembre 2020, l'Université de Zurich a publié un rapport sur l'implication de la ville de Zurich et des Zurichois·e·s dans l'esclavage. Le rapport, qui a été mandaté par la ville de Zurich, a relevé divers liens entre Zurich, les Zurichois·e·s et l'esclavage, en particulier dans le domaine économique. Il a notamment analysé le cas de la famille Escher, y compris Alfred Escher (1819-1882). Ce célèbre politicien et entrepreneur ferroviaire est honoré par une grande statue placée devant l'entrée principale de la gare centrale de Zurich. Alfred Escher n'était pas lui-même impliqué dans la traite des esclaves. Néanmoins, le rapport suggère que la question de son monument et de la mémoire publique des liens zurichois à l’esclavage soient à nouveau discutés.

À la suite de ce rapport, un groupe de travail mandaté par la ville de Zurich examine actuellement 80 monuments pour y déceler des références racistes. Les premiers résultats sont attendus en 2023.

Im September 2020 publizierte die Universität Zürich den Bericht «Die Beteiligung der Stadt Zürich sowie der Zürcherinnen und Zürcher an Sklaverei und Sklavenhandel vom 17. bis ins 19. Jahrhundert.», in Auftrag gegeben von der Stadt Zürich. Der Bericht stellte vielfältige, vor allem wirtschaftliche Bezüge von Zürich und der Zürcherinnen und Zürcher zur Sklaverei fest. Besonders hob er die Verbindungen der Familie Escher hervor, der auch Alfred Escher (1819-1882) angehörte. Der Politiker und Eisenbahnunternehmer wird vor dem Haupteingang des Zürcher Hauptbahnhofs prominent mit einem Standbild geehrt. Alfred Escher war zwar nicht selbst am Sklavenhandel beteiligt. Dennoch schlägt der Bericht vor, die Frage seines Denkmals und der Erinnerung im öffentlichen Raum an die Verstrickungen der Stadt Zürich in die Sklaverei neu zu diskutieren.

Als Folge des Berichts überprüft derzeit eine Arbeitsgruppe im Auftrag der Stadt Züricht 80 Denkmäler auf rassistische Bezüge. Erste Ergebnisse werden 2023 erwartet.

Bâle-Campagne : faire face au passé colonial

Dans le Landrat (législatif de Bâle-Campagne), un postulat a été déposé qui appelle à la réévaluation du passé colonial des personnalités issues de la Bâle-Campagne. L’intervention a été précédée, en été 2020, d'une action des Jeunes socialistes, qui ont recouvert d'un tissu taché de sang la pierre commémorative du colonialiste Johann August Sutter (1803-1880) à Rünenberg et ont peint sur une affiche l'inscription « Keine Denkmale für Sklav*innenhalter » (« Pas de monuments à la gloire des esclavagistes »).

Berne: développement urbain et égalité dans les noms de rue

Le monument doit-il céder sa place au développement urbain ?

Dans le cadre de l’élargissement de la gare de Berne, la place de « Hirschengraben » sera entièrement transformée. Il s’y trouve également un monument à la mémoire du bernois Adrian von Bubenberg. Le projet de construction prévoit de déplacer ce monument de Hirschengraben à son emplacement d'origine. Les opposants au projet critiquent cette destruction du paysage urbain historique. Le peuple bernois votera sur le sujet le 7 mars prochain.

Les noms de rue doivent rendre les femmes visibles

Dans la ville de Berne, plus de 150 rues, chemins et places portent le nom d’un homme et seulement 24 celui d’une femme. À l'occasion de la grève des femmes le 14 juin 2019, une intervention politique a demandé que les rues ne soient nommées que par des noms de femmes jusqu'à ce que l’égalité soit atteinte. L’intervention a été acceptée et en juillet 2020, un centre de l'Université de Berne a mis à la disposition de la direction des travaux publics un concept de mise en œuvre.

Dans les médias

Vous trouverez ici des contributions journalistiques sur le débat provenant de journaux, de programmes de télévision, d'émissions de radio – de Suisse, mais aussi d'autres pays. Si les liens renvoient vers des contenus payants, cela est indiqué dans chaque cas. Vous ne pouvez alors accéder au contenu qu'avec un abonnement au média concerné.

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Juin 2020 : Black Lives Matter et les monuments racistes

Dans le sillage des manifestations de Black Lives Matter, des statues ont été déboulonnées, recouvertes et peintes. En été 2020, les images ont été relayées par les médias – suscitant une discussion également en Suisse.

17.06.2020 : Racisme : quels sont ces statues, mémoriaux et symboles jugés racistes en Suisse ? (Le Nouvelliste)

En Suisse, quelles sont les statues à l’histoire controversée ?  Le Nouvelliste présente six monuments dont il faudrait discuter. 

18.06.2020 : Films, rues, statues, le grand déboulonnage ? (RTS, vidéo)

Faut-il repenser nos monuments ? Une discussion entre activistes, experts et politiciennes.  

Méli-mélo

Un pêle-mêle de contributions sur les monuments suisses : courts textes, poèmes, chansons, slams, contenus des médias sociaux, liens, références bibliographiques et bien plus.

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«Critical toponymy» ou les enjeux de la production des noms de lieux

De même que les monuments publics, les noms de lieux (rues, places, espaces etc.) commémorant de personnes ou évènements historiques façonnent notre culture mémorielle. L'ensemble de noms de lieux forme la « toponymie » d'une région, reflétant son l'identité culturelle et des structures sociales en changement. La production de noms de lieux, les enjeux liées à cette production et les questions politiques qu'elle soulève sont étudiés dans la « Critical toponymy ».

Sur le blog Neotoponymy, des expert·e·s de ce champ émergeant publient de contributions académiques dédiées à la nomination de lieux. On y trouve des articles sur la question du genre en toponymie, sur celle des commémorations contestées (Rhodes Must Fall) et bien plus.

« Faut-il retirer les monuments contestés? »

Qu'en pensez-vous? Discutez !

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Discuter (11)

  • Thomas Ingold
    à 11.06.2021
    Entfernt das MOCMOC in Romanshorn und verzichtet bitte auf das Gendersternchen, ein unnötiges Denkmal, welches keinerlei Gleichberechtigung schafft und nur ideologisch aufs Papier gebracht wird. Danke.
    • Heinz Nauer, SAGW
      à 05.07.2021
      Der arme Mocmoc muss viel aushalten (uns schneidet auch in unserem Spiel nicht wahnsinnig gut ab --> siehe unten). Was das Gendersternchen anbelangt: Vielleicht nicht gerade ein Denkmal, aber ein Identitätsmarker allemals, und ein umstrittener erst recht. Alles was es zum Thema zu sagen gibt, steht in diesem Gespräch in der «Geschichte der Gegenwart»: https://geschichtedergegenwart.ch/_-ein-gespraech-ueber-das-gendern/
      Selber tun wir uns etwas schwer mit einer strengen institutionseigenen Sprachpolitik. Für diese Website haben wir, ziemlich unaufgeregt, den Stern ausprobiert.
  • Jumi
    à 07.05.2021
    Ich möchte ein Denkmal für Alf, den Ausserirdischen vom Planet Melmac - am liebsten z.B. neben Zwingli oder Escher oder Waldmann. Damit würde Zwingli / Escher / Waldmann die Aufmerksamkeit entzogen und das Interesse von Flanierenden und Tauben auf Alf gezogen.
    • Christina Graf
      à 10.05.2021
      Alf würde die Aufmerksamkeit sicher bekommen – eine kreative Idee (vielleicht eine für den Denkmal-Wettbewerb, der am 20. Mai eröffnet wird?).

      Dazu noch ein Gedanke: Den Blick von einem Denkmal weglenken kann auch heissen, den Blick von den zugrunde liegenden Themen, Machtstrukturen etc. wegzulenken... Und damit eine Diskussionschance zu verpassen.
  • Ulisse
    à 01.05.2021
    Ja ich möchte alle denkmäler stehen lassen: damit man über sie reden und schreiben kann. Wenn man sie wegschafft, verlieren wir die entsprechenden wichtigen themen. Sicher kann man diskussionen darüber in zeitgenössischen formen führen, mit informationstafeln, qr-codes, erklärenden comics usw.
  • Carpentier
    à 25.04.2021
    Je suis choquée par 1/ la sous-représentation des femmes 2/ et surtout la façon dont elles sont représentées : souvent nues ou quasi-nues, le corps offert ou bien dans le rôle de mère
    • Heinz Nauer
      à 26.04.2021
      C'est une observation très compréhensible. La sélection de monuments par des femmes sur ce site web reflète le paysage des monuments en Suisse. L'historienne Lina Gafner l'a bien résumé dans le dernier bulletin de l'ASSH : « Le paysage des monuments manque de femmes, mais pas de corps féminins. » (original en allemand)
      Voici le lien direct vers l'article de Lina Gafner (« Frauen und Denkmäler Allegorien, feministische Subjekte und historische Kollektive ») : https://cutt.ly/Jv4w8gc
  • Marianne
    à 10.04.2021
    Denkmäler sind Zeugen ihrer Zeitgeschichte. Wenn Pestalozzi mit erhobenem Finger auf die beiden Kinder herunterschaut, so zeigt uns sein Denkmal eine Bildungsauffassung seiner Zeit und kann zum Forschen darüber anregen. Denkmäler als Erinnerungsstätten werden auf diese Weise zu visualisierten Objekten unserer eigenen Historie. Sie zu verändern oder gar zu entfernen, bedeutet für mich, einen Teil der eigenen Identität zu verändern oder zu entfernen. Das Leben ist zu komplex, um es auf einen einzigen Ereignisstrang zu reduzieren, nämlich die Interpretation unserer Zeit.
  • Rübli
    à 29.03.2021
    Der Vortrieb der Cancel Culture in westlichen Nationen ist beispiellos und erinnert nur an Chinas Kulturrevolution. Ja - die Vergangenheit war nicht immer einwandfrei aber Denkmäler bedeuten ja auch nicht immer ausnahmslos Verehrung für eine Person. Destruktion ist immer einfach - wem sollen wir denn dann Denkmäler stiften - lieber 2 Denkmäler für positiv besetzte Personen aufstellen als eines abzureissen.
  • M. Kiefer
    à 27.03.2021
    Es ist Geschichte. Die wird auch nicht anders, wenn man sie totschweigt.
  • Peter Graßmann
    à 10.03.2021
    Welche historische Persönlichkeit hält unseren strengen moralischen Anforderungen überhaupt noch stand? Welche Denkmäler werden in Zukunft stürzen, wenn wir deren Verbleib vom Zeitgeist abhängig machen? Wie können Denkmalschutz und Erinnerungskultur unter solchen Voraussetzungen noch funktionieren? Wo bleibt Raum für menschliche Ambivalenzen, wenn wir in ein Gut-Böse-Schema verfallen, das der Realität nie entspricht? Die Bürger wissen ein 120 Jahre altes Reiterstandbild durchaus historisch-kritisch einzuordnen und die Dargestellten nicht blind zu verehren. Also lasst die Denkmäler und Straßennamen dort bleiben, wo sie sind, und lasst uns erklären, warum sie dort sind. Es ist eine Bereicherung, in unseren Städten der komplexen und verworrenen Geschichte begegnen zu können - mit all ihren Schattenseiten!

Classement des 24 monuments

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Voici comment les 24 monuments sont évalués dans le jeu :

84%

Le meilleur score:
Monumento « Le vittime del lavoro » (TI)

56%

Le plus mauvais score:
Johann August Sutter (BL)

Connu
2.5 / 5
Beau
2.5 / 5
Important
3.1 / 5
Discutable
2.0 / 5
Monument voudraient laisser le monument tel quel.voudraient modifier le monument. Discutable Important Connu Beau
Guillaume Tell (UR) 77% 23% 1.9
3.6
4.6
3.5
Vadian (SG) 67% 33% 1.8
2.9
2.2
2.5
Johann August Sutter (BL) 44% 56% 3.2
2.2
2.2
2.1
« Stolpersteine » (ZH) 83% 17% 1.6
4.4
3.3
3.0
Jean-Jacques Rousseau (GE) 83% 17% 1.4
3.6
3.0
3.3
David de Pury (NE) 50% 50% 3.0
2.3
2.7
2.5
Le « Fixer » (ZH/LI) 68% 32% 2.2
3.4
1.7
2.0
Johann Heinrich Pestalozzi (VD) 81% 19% 1.6
3.7
3.2
3.4
Monument aux victimes du 9 novembre 1932 (GE) 80% 20% 1.6
3.8
1.8
2.4
Mocmoc (TG) 53% 47% 2.8
1.8
1.9
1.8
Monument du lion de Lucerne (LU) 79% 21% 2.0
3.3
4.2
4.0
Freddie Mercury (VD) 77% 23% 1.6
2.6
3.6
3.1
L'immigré (GE) 74% 26% 1.8
3.7
1.6
3.1
Helvetia en route (BS) 78% 22% 1.5
3.6
2.8
3.8
Monument de « Bourbaki » (AG) 77% 23% 1.6
3.1
2.0
3.5
« Brahmsrösi » (BE) 69% 31% 1.9
2.4
1.7
3.3
Monument de Bubenberg (BE) 63% 37% 2.0
2.8
3.0
2.8
Statue du Christ-Roi (VS) 49% 51% 2.7
2.2
1.8
2.0
Caspar Decurtins (GR) 65% 35% 1.8
2.8
1.4
2.2
Dorothee Wyss (OW) 77% 23% 1.7
3.2
1.9
3.1
Sentinelle des Rangiers / Fritz (JU) 61% 39% 2.1
3.1
2.4
2.3
Monumento della battaglia dei sassi grossi (TI) 67% 33% 1.9
2.9
1.7
2.7
Monumento « Le vittime del lavoro » (TI) 84% 16% 1.5
4.2
2.8
3.4
Henri Guisan (VD) 65% 35% 2.2
3.1
3.0
2.6
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